La circoncision est une tradition très importante à Madagascar. C’est un rituel pour affirmer la masculinité d’un petit garçon, ou même d’un homme. Selon les Malgaches, ce n’est qu’après le famorana que l’on devient un vrai « homme ». Cette tradition est donc parmi les plus importantes dans la vie des Malgaches et nécessite des rituels spéciaux. Mais de nos jours, ces rituels ne sont plus très pratiqués. Désormais, les Malgaches optent pour la modernité, tout en gardant l’esprit et l’importance de la circoncision à Madagascar.
Pourquoi circoncire ?
Il est vrai que la circoncision est un processus médical conseillé par la science pour des raisons d’hygiène et de santé. Sa pratique remonte à l’antiquité, dans l’Égypte ancienne. Mais certains peuples, à l’instar des Asiatiques et des juifs, inscrivent aussi la circoncision dans leur tradition. La circoncision est donc premièrement pratiquée pour des raisons de santé. En effet, la peau mobile qui couvre le gland du pénis appelée prépuce peut stocker des microbes et des bactéries qui seront l’origine de plusieurs infections et de maladies.

Mais à Madagascar, les raisons de la circoncision vont au-delà de l’hygiène et de la santé. Pour les Malgaches, les parents décident de circoncire leurs enfants dès leur jeune âge, en général entre les premières et la quatrième année de l’enfant. La circoncision ou hasoavana permettrait, selon la croyance, à l’enfant de devenir un homme et de s’intégrer totalement dans la famille. Être un homme, pour les habitants de Madagascar, signifie être en mesure de protéger sa famille et subvenir à ses besoins journaliers. C’est donc lors de ce rituel que l’enfant acquiert les forces nécessaires pour le reste de sa vie. Endurer la circoncision est l’étape la plus importante de la gent masculine chez les Malgaches.
Comme plus de 4 hommes sur 5 sont circoncis à Madagascar, on peut dire que la raison n’est pas tellement le souci de santé, mais le respect de la tradition.
Le hasoavana traditionnel
Comme nous le savons, les Malgaches accordent une très grande importance à la circoncision, c’est pourquoi ils en font tout un rituel. La circoncision se pratique surtout pendant l’hiver pour éviter les infections de la plaie. C’est donc pendant la saison fraîche à Madagascar que les petits garçons se font circoncire, entre le mois de mai et le mois d’août. Généralement, la tradition du didimpoitra compte 7 rituels à respecter.
Le « mivaky volo » qui signifie littéralement tracer une raie sur les cheveux, est la première étape. Pour cela, les parents et le circonciseur de l’enfant concerné doivent se coiffer en traçant deux raies sur leur tête de façon à diviser les cheveux en 3 mèches distinctes. Ils doivent s’asseoir sur un « tsihy » (natte) avec la famille proche et s’orienter vers l’Est. Après la coiffure, ils devront chanter pour demander une bénédiction du créateur. Cela fait, ils se lèvent pour effectuer des danses traditionnelles appelées « dihy amin’ny vakin-tany ».
Les femmes effectuent la décoration de la maison dans laquelle l’opération se déroulera, et cette maison s’appelle « lapa » (palais). Les femmes feront en sorte que cette maison soit ornée de lamba landy. Cela s’appelle « Tohy temitra ». Puis vient le « fehy voatavo », une cérémonie pendant laquelle les hommes partent à la recherche d’un voatavo ou potiron. Ils cherchent un potiron avec une forme un peu étranglée pour ensuite y attacher des « fandrotrarana » qui sont des plantes grimpantes très solides et qui ont une grande place dans les rituels malgaches.



Il faut ensuite chercher l’eau de circoncision ou « rano masina ». Pour cela, il faut un homme fort dont les parents sont encore en vie. Cet homme va porter le potiron sur la tête et sera suivi par des hommes munis d’armes, de lances et de boucliers. Une fois arrivés au bord de l’eau, ces hommes se mettent à chanter « Lahy ! Lahy ! hahaleo hahalasana, ho tratra antitra, ho moraim-pery » (homme, homme, qu’il soit indépendant, ait une longue vie et que sa plaie guérisse vite).
Pendant ce temps, tout le monde se doit d’être élégant pour accueillir le ranomahery avec des chants et des danses.
Quand l’eau de circoncision est introduite dans la maison, il faut ensuite procéder au « mitsitsika » qui consiste à prier 3 fois pendant la nuit. À l’aube, un homme fort doit aller chercher le « ranomahery » qui sera versé sur la plaie.
Enfin tous ces rituels effectués, on procède à l’opération. Pendant ce temps, le chef de famille tient une lance au coin ouest de la maison et chante. Une fois l’opération finie, on verse le ranomahery sur la plaie et le « tsitsy » ou prépuce sera avalé par le père ou le circonciseur de l’enfant avec une banane.
La circoncision de nos jours
Il est vrai que malgré le changement des rituels, la valeur de la circoncision est toujours la même pour les Malgaches. Quand je parle donc de circoncision moderne, je parle surtout des pratiques des citadins, car la vie à la campagne c’est autre chose. Avec le rythme de la vie, il est difficile d’effectuer tout un rituel, de chercher le potiron, le « ranomahery », etc. Et ce n’est pas tout, il y a aussi les raisons de santé, car lors d’une opération, les matériaux doivent bien être désinfectés. C’est pourquoi la circoncision moderne est de plus en plus pratiquée.
Pour cela, on se rend juste chez le médecin. L’on est surtout attiré par la circoncision à l’américaine pendant laquelle la capsule est plus prisée, car il paraît que cela est moins douloureux. Après cela, on rentre directement chez soi et la question de faire une fête ou non dépend des moyens de chacun. Vu le coût de la vie à Madagascar, une fête grandiose n’est possible que pour une minorité du peuple. Toutefois, j’ai constaté que lorsqu’il s’agit de circoncision, tout le monde se donne vraiment les moyens pour rendre ce jour inoubliable.
Jusqu’à aujourd’hui, le prépuce est toujours accompagné d’une banane puis avalé par le chef de famille. Mais le famorana est surtout un grand jour pour l’enfant, car en plus de devenir un homme, il reçoit un grand nombre de cadeaux (jouets et friandises). Voilà ce qui en est de la circoncision à Madagascar, n’hésitez pas à commenter si vous avez des trucs à ajouter.
En 2020 c’est toujours d’actualité cette pratique ?
Dans la région Sud-Est de l’île, on appelle cette tradition le « sambatra ». Chez les Antambahoaka de Mananjary particulièrement, la circoncision ne se pratiquait que tous les 7 ans en mois d’octobre.
La raison est que le « sambatra » doit être réalisé à une année qui débute par un vendredi. Or, cela ne revient que tous les 7 ans. Toutefois, cette tradition a été peu à peu oubliée depuis le règne de Ranavalona II.
Oui @Hoby, j’ai entendu dire que cette tradition est négligée depuis le règne de Ranavalona II, car c’est en cette période qu’elle a abandonné la religion traditionnelle malagasy au profit du Christianisme.