27/12/2017. Il y a un an s’achevait à Paris la Conférence des Bailleurs et Investisseurs pour Madagascar. Durant deux jours, cette rencontre a permis aux autorités malgaches d’échanger avec les partenaires de Madagascar.
Une manne de 10 milliards de dollars
Ce sommet, destiné à appuyer le processus économique, a marqué une étape, à l’époque jugée essentielle, à la sortie de crise à laquelle le pays a été confronté ces dernières années. A cette occasion, une feuille de route a été fixée dans le « Plan National de Développement ». Un document définissant une « vision claire de l’avenir », celle d’un pays « moderne et prospère », selon les mots prononcés par le Président lors des travaux d’ouverture de la réunion.
La Conférence des bailleurs s’est achevée avec un engagement de 10 milliards de dollars sur 4 ans des partenaires de Madagascar. Comme c’est toujours le cas en pareille circonstance, l’annonce de cette manne a suscité de multiples attentes.
Les financements à l’épreuve du temps
Depuis ce sommet, Madagascar a donc vécu au rythme des informations sur les décaissements des fonds promis. Mais confrontée à l’épreuve de la réalité, la dynamique créée par la réunion des « amis de Madagascar » a commencé à s’émousser. Les moyens promis prennent du temps à se concrétiser.
Comme l’explique un responsable de l’Union Européenne, les décaissements dépendent des institutions. Chacune doit respecter ses propres procédures et ses délais. Les fonds ne sont débloqués qu’après des études de faisabilité. Cela suppose ainsi des appels d’offres et donc du temps pour finaliser les études.
Ces contingences ne sont pas comprises par l’opinion publique trop impatiente de voire la réalisation de projets permettant d’améliorer ses conditions de vie. De là naît l’incompréhension entre le discours politique, qui promet tout et tout de suite, et les logiques des systèmes financiers qui ont leurs règles et leur calendrier.
Pour réussir, les politiques publiques ont besoin de temps et d’opiniâtreté. Las ! Madagascar ne dispose pas de ce luxe.
Des économistes s’inquiètent de la paupérisation de Madagascar
Le pays vit dans l’urgence de ses innombrables besoins. Les enseignants et les étudiants du département Économie de l’Université d’Ankatso qui connaissent pourtant les mécanismes de mise en œuvre de l’action économique, se sont inquiétés il y a quelques jours de la paupérisation de la population.
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Un travail de recherche effectué par le département économique de l’université, avec l’Institut de recherche pour le développement, indique que le PIB par habitant à Madagascar a baissé depuis près d’un quart de siècle. La richesse produite par habitant est ainsi passée de 440 USD en 1992 à 415 USD en 2016. Les conclusions de cette étude montrent que le taux de pauvreté n’a cessé d’augmenter durant cette même période.
Les auteurs attribuent cette situation à l’instabilité politique. C’est ainsi que les inégalités économiques ne cessent de se renforcer au profit d’une élite jalouse de ses privilèges. Selon les économistes, cette élite cherche à maintenir le clivage que crée le système actuel qui profite aux plus fortunés qui se comportent en prédateurs.
Ce cri d’alarme est aux antipodes des propos tenus il y a un an à la tribune de la Conférence de Paris. Reviennent alors les mots de Michaelle Jean. La Secrétaire Générale de l’OIF demandait de croire dans les possibilités de Madagascar et sa lutte contre l’extrême pauvreté.
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