Interview de Rakotomanana Andrianjaka, jury de la Plume Stileex 2018

En plus d’être enseignant-chercheur à l’université d’Antananarivo, Monsieur Rakotomanana a toujours son petit mot à dire dès qu’on touche à la littérature. Nous avons eu le plaisir et le privilège de l’avoir comme jury dans l’édition 2018 de la Plume Stileex.

Bonjour M. Rakotomanana. Pouvez-vous nous parler un peu de vous et de ce que vous faites dans la vie ?

Bonjour à vous :). Alors, je suis Rakotomanana Andrianjaka J. M. Il y a quelques années, je signais, entre autres, la chronique « Texto » de la rubrique « Culture » du lundi de l’Express de Madagascar de mon pseudonyme Andrian Ndzack.

J’ai récemment obtenu mon doctorat en anthropologie culturelle et je suis actuellement enseignant-chercheur en sciences humaines à l’Université d’Antananarivo.

En plus d’écrire, je dessine et je peins également, mais les choses ont fait que je me suis plus focalisé sur l’écriture. D’ailleurs, je ne peux plus me dissocier de cette pratique, mais dès que les événements seront plus propices, je reviendrai à l’art du dessin.

L’université d’Antananarivo dont la faculté des Lettres et des Sciences Humaines

Et pouvez-vous nous parler de votre parcours ?

D’aussi loin que je me souvienne, l’écriture a toujours tenu une large place dans ma vie. Depuis le CM2, en plus des petits dessins de BD, j’écrivais déjà de petites histoires que je faisais lire à des gens de ma classe. Par la suite, après quelques tâtonnements pénibles dans les sciences comptables, je me suis orienté vers la faculté des Lettres de l’université.

Mes premiers travaux personnels universitaires marquants portent sur l’auteur franco-tchèque Milan Kundera. Ma thèse s’intéressait à l’imaginaire du roman colonial et postcolonial, la lecture anthropologique des œuvres étant une voie de choix dans ce qu’on appelle, dans le milieu académique, la « production de sens », plus communément appelée « critique ».

Milan Kundera l’auteur franco-tchèque, prix littéraire Château La Tour Carnet en 2017

En 2009, lors des VIème jeux de la francophonie (Beyrouth), je devais représenter le pays dans la discipline « littérature » avec ma nouvelle intitulée le Dilemme de Narcisse. Ce qui n’eut pas lieu pour les raisons que nous connaissons.

J’ai coécrit une pièce de théâtre, Soanoro, avec mon collègue et ami Serge Henri Rodin, enseignant-chercheur et membre de l’académie malgache. Nous l’avons présenté jusqu’à l’université de la Réunion (Canter).

Tous les lundis, pendant un certain temps, ma chronique culturelle Texto paraissait dans l’Express. Dans la revue poétique Point Barre, figure mon poème en prose Nihilo qui, justement, situe des événements dans Tana. Ce texte aurait pu faire partie de ceux qui sont en lice :).

Et ainsi de suite, j’ai des textes éparpillés un peu partout, dans l’espace et dans le temps.

Un avis sur le concours La Plume Stileex 2018 ?

De mon point de vue, le thème Antananarivo, dans sa dimension quasi anodine et presque absolument familière, interpellant inspirations et créations, est très intéressant.

Concernant le niveau des candidats, il est très disparate : l’élan créateur est relativement présent à chaque texte. Ce qui fait la différence de chacun d’eux, c’est la force littéraire plus ou moins intense exprimée dans l’objet. On notera des sonnets, modèles classiques, montre de connaissances littéraires avancées, des vers libres, de la prose poétique, plus dans l’écriture contemporaine, moderne, se cherchant dans une esthétique de la liberté d’écriture.

J’avais remarqué lors de mes lectures, au sein d’une large majorité des textes, le contexte crise, misère, survie au quotidien, les phénoménologies des paradoxes tananariviens auront joué dans les genèses.

La misère dans la ville d’Antananarivo, un phénomène courant et malheureusement habituel

Ces thèmes se trouvent les plus réverbérés dans l’ensemble. D’autres textes, plus singuliers, explorent les facettes tout simplement esthétiques du thème central avancé, plus indépendants ou désintéressés du contexte ambiant.

Un petit mot pour terminer cette interview ?

Alors, je dirai que c’est un honneur de siéger parmi le jury. Je remercie Stileex pour sa confiance. Mettre à l’honneur la création littéraire est une initiative plus que louable, ce genre de concours peut servir de véritable tremplin à des talents en devenir.

Nous vous remercions également, M. Rakotomanana, d’avoir répondu à toutes nos questions :). Nous vous souhaitons bon vent dans vos nombreuses et agréables aventures littéraires. À la prochaine !

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