Lalaina et Julia Nomenjanahary : le couple phare des Barea de Madagascar

Pièce maîtresse de l’équipe Barea de Madagascar, Bolida ou B12 a fait moult fois ses preuves lors de cette très surprenante CAN 2019. Julia, épouse, ingénieure chez Renault et manager de Lalaina Nomenjanahary, joueur malgache évoluant au Paris FC, nous raconte les débuts de son idylle avec le milieu offensif des Barea de Madagascar et les coulisses de ce couple partagé entre vie de famille et football.

Julia, pour commencer cette interview sur vous et Lalaina Nomenjanahary, parlez-nous de sa passion pour le foot

Le football est un sport qui est très répandu dans la famille de Lalaina Nomenjanahary. Fils d’une footballeuse et d’un rugbyman, Bolida tient sa passion de sa mère qui se prénomme Oliva. Le football est donc, en quelques sortes, un héritage. Il aurait d’ailleurs pu devenir rugbyman, comme son père, mais ce dernier l’en a empêché par peur que Bolida ne se blesse.

Selon Julia Nomenjanahary, la passion du football chez Lalaina s’est transmise de mère en fils

Il aimait bien jouer au football depuis sa tendre enfance. En 1993, à l’âge de 7 ans, il a intégré le club Ajesaia à Madagascar. Sa carrière internationale a commencé à La Réunion, dans le club JSSP (Jeunesse Sportive Saint-Pierroise), à 22 ans. En fin 2008, Bolida était venu passer ses vacances à Madagascar et c’est là que nous nous sommes rencontrés. Du coup il a fait une saison entière en première division avec l’Ajesaia de Madagascar (Association des Jeunes Sportifs de l’Avenir Inter-Arrondissement).

Les débuts de Bolida se sont faits au club AJESAIA de Madagascar

Comme il jouait en première division à Madagascar, je venais toujours à Mahamasina pour assister à ses matchs. Je le soutenais déjà à fond à cette époque :).

Lalaina, Pascal et Faneva, une amitié qui remonte à bien longtemps

Julia, pourquoi surnomme t-on Lalaina Nomenjanahary Bolida ?

Ce surnom a été donné par sa tante qu’il appelle « totoa Gisèle ». Il adorait les petites voitures en kapoaka qu’on appelle « bolida » (bolide), une sorte d’art malagasy, que Lalaina construisait avec des boîtes de conserves et revendaient aux jeunes du quartier. Ça lui permettait de gagner un peu d’argent pour survivre. Depuis, ce surnom ne l’a plus quitté. On l’appelle aussi B12 en référence à son numéro sur le terrain qui est le 12.

Bolida comme les petites voitures, mais sans doute aussi pour sa rapidité et son agilité

Julia, qu’est-ce qui vous a attiré chez Lalaina Nomenjanahary ?

Euh, je pense qu’au premier abord, la première impression c’est forcément le physique. Et il ne faut pas se mentir, il est beau mon mari. Donc je dirais que c’est surtout le physique :P. J’adore son charisme !

Le physique et le charisme de Lalaina Nomenjanahary ont conquis son épouse Julia

Et j’aimerais aussi mentionner que ce qui nous a le plus rapproché et favorisé notre grande complicité c’est le fait qu’on soit très différents. Il m’a fait découvrir beaucoup de choses que je n’avais jamais l’habitude de faire, que je ne connaissais pas au quotidien et vice-versa. C’est ce qui a fait qu’on a aimé être ensemble :).

Il lui a fallu combien de temps pour vous conquérir ?

Pour le mot « conquérir », je vais considérer le temps qu’il a pris pour me convaincre de l’épouser. On s’est rencontré fin 2008 puis on a commencé à sortir ensemble vers le début de l’année 2009 et nous nous sommes mariés en 2015. Donc 5 ans pour m’avoir toute entière ! (rires). Et vous savez, Faneva, le capitaine de l’équipe malgache était son témoin à notre mariage. Ils sont de très bons amis.

Parlez-nous de vous et de votre parcours professionnel

Je suis Julia Nomenjahary, j’ai 27 ans. Je suis ingénieure automobile chez Renault à Guyancourt. J’ai un double diplôme en mécatronique que j’ai obtenu en France et en Angleterre. Je reçois souvent des réflexions sur le fait que je n’ai plus à travailler vu ce que gagne mon mari, mais j’aime me sentir utile et avoir ma propre indépendance. Pour tout vous dire, au début, je faisais quatre heures de métro tous les jours pour aller et revenir du travail. Cela ne me dérangeait pas du tout, il fallait absolument que je devienne quelqu’un.

Sinon, après mon Baccalauréat malgache, j’ai réussi mon concours d’entrée dans une école d’ingénieurs dans les Yvelines. Mon mari me manquait affreusement, lui jouait à La Réunion et gagnait un salaire plutôt confortable. Pour se rapprocher de moi, il a décidé de venir me rejoindre à Avion. À l’époque il gagnait un salaire de misère de 1200 euros et sa chambre faisait à peine 12 m², mais il s’est accroché et grâce au ciel, ça a porté ses fruits.

Au début de notre relation, il m’emmenait manger au rohon’akoho d’Ambodimita, là où on achète du bouillon de poulet à 100ar, et ça me faisait très plaisir. Pour nos quatre ans de mariage, il m’a offert un dîner à la Tour Eiffel. Nous sommes partis de très loin.

Lalaina et Julia Nomenjanahary, un couple parti de très loin

Julia, quels sont selon vous, la plus grande qualité et le plus grand défaut de Lalaina Nomenjanahary ?

Je pense que sa plus grande qualité c’est sa générosité. Il est vraiment généreux. Mon mari a un grand cœur et partage énormément. Puis, son plus gros défaut c’est son impatience je trouve ! Il est vraiment très impatient. Quand il veut quelque chose, il exige que ce soit fait tout de suite.

Combien d’enfants avez-vous ? Est-ce qu’ils parlent malgache ?

Nous avons deux enfants, une fille et un garçon 🙂. La plus grande s’appelle Kitanah, elle a 3 ans et notre petit Kenän a 2 ans. Ils disent quelques mots malgaches, mais bon, comme nous habitons en France, ils s’expriment surtout en français. À la télévision ils ne voient que des programmes en français, à l’école ils parlent français, alors c’est normal qu’ils parlent surtout français.

Kitanah et Kenän, fruits de l’union de Julia et Lalaina Nomenjanahary

Néanmoins, nous leur inculquons quelques vocabulaires malgaches qu’ils utilisent dans la vie quotidienne comme « trotroina » (porter), « maditra » (têtu), « mangatsiaka » (froid), etc.

Julia, est-ce que Lalaina Nomenjanahary aspire à faire jouer ses enfants au foot ?

Étant footballeur, je pense que c’est normal. Comme c’est sa plus grande passion, il souhaite que son fils fasse du foot. Mais je sais qu’au fond, on laissera nos enfants choisir ce qu’ils voudront faire et ce qu’ils voudront devenir. On va dire que le don est quand même dans les jambes de Kenän, c’est indéniable quand on le regarde jouer, mais on verra :). On lui laissera le choix.

Quel est son plat favori ? Et est-ce qu’il cuisine à la maison ?

Son plat favori c’est le voanjobory sy sofinkisoa. Mais il adore aussi le « vily kely », une espèce de petit poisson très consommée à Madagascar. Eh oui, il cuisine malgache, il adore ça !

Quels sont vos loisirs en famille ?

En famille, on adore les parcs ! Dès qu’on a du temps libre, on emmène les enfants au parc. Sinon, on affectionne particulièrement les petits week-ends entre nous dans des hôtels où il y a des piscines et jacuzzi. On adore prendre l’air et passer du temps en famille :).

Pour Lalaina et Julia Nomenjanahary, les sorties au parc sont des moments privilégiés qu’ils passent surtout en famille

Julia, trouvez-vous que Lalaina Nomenjanahary a changé depuis qu’il est devenu célèbre ?

Non, mon mari n’a pas du tout changé. Sa célébrité et sa notoriété n’ont aucune incidence sur sa personnalité. Il n’oublie vraiment pas d’où il vient et reste vraiment le même. Et ça c’est vraiment énorme car le Lalaina d’aujourd’hui est toujours celui d’il y a 10 ans. Vraiment zéro changement. Au contraire, je trouve qu’il a encore beaucoup plus d’amour à partager.

Sa célébrité a-t-elle des conséquences sur votre vie de couple et celle de votre famille ?

Est-ce que je vais être franche ? :P. En fait, pas vraiment. Il n’y a pas de grosses conséquences ou de changements flagrants. Mais comme on sait que tous les yeux sont rivés sur lui, des fois, il y a des gestes qu’il a l’habitude de faire, mais qu’il ne fait plus. Il y a des gestes qu’il ne faut plus faire, car il a changé de statut. Comme l’expression dit, « noblesse oblige ». Parfois je le reprends un petit peu sur des choses comme ça, mais bon, ça ne crée pas de drame dans notre vie. Sa célébrité n’entraîne pas de mauvaises conséquences. Il est toujours le même, mais doit seulement gérer son comportement en public :).

Selon Julia Nomenjanahary, Lalaina n’a pas changé, il y a juste des gestes qu’il ne peut plus se permettre de faire en public

Mais j’avoue quand même que pour la vie de famille, le fait d’avoir un footballeur comme mari et père est un peu compliqué. Il est souvent absent du coup s’organiser avec deux enfants sur les bras devient quelques fois difficile à gérer.

Est-ce qu’il passe du temps avec les enfants ?

Oui, il passe le maximum de temps qu’il peut avec nos enfants. D’ailleurs, il en passe plus que moi, car il est plus présent à la maison quand il ne joue pas. Il n’est jamais à court d’activités à faire avec les enfants. Ils font les courses, les magasins, ce qui sont des choses que je ne peux pas faire au vu du volume de mon travail. Il affectionne particulièrement ces moments, il est tout le temps collé à Kitanah et Kenän !

Bolida, un papa poule selon son épouse Julia

Quelle est sa passion en dehors du foot ?

S’occuper de ses enfants MDR. Mais il prend également soin de la maison, aime beaucoup jardiner et bricoler. Il a bien plus qu’une corde à son arc !

Comment vous organisez-vous avec vos enfants et votre carrière ?

J’avoue qu’avec un footballeur comme papa et une ingénieure automobile comme maman, la vie des enfants n’est pas de tout repos. L’organisation du foyer est un peu difficile, mais on essaye de s’en sortir. Nous avons toujours une aide à la maison. Nous avons une nounou à domicile qui nous facilite la tâche. Sinon, on a aussi nos mamans qui viennent souvent passer du temps avec leurs petits enfants, ce qui nous permet de souffler un peu. Pour l’harmonie du foyer, nous pensons qu’une aide est indispensable à la maison. Et Dieu merci, nous avons toujours quelqu’un pour nous aider.

La petite famille essaie de s’organiser même si c’est un peu compliqué

Bolida et vous êtes souvent perçus comme LE couple « idéal ». Quel est le secret de la longévité de votre couple ?

Je pense que notre plus grande force c’est la foi. Autant dans nos moments de bonheur que dans les moments durs, nous sommes toujours sur la même longueur d’onde. Dieu est notre plus grande force. Bien sûr, il y a l’amour aussi, mais la chose qui prime dans notre couple c’est notre foi, on se retrouve à deux pour des consécrations, pour prier ensemble, pour les louanges. Et je vous assure que ça ne lie pas seulement nos personnes, nos âmes et nos esprits s’unissent de la même manière. Disons que j’ai une chance incroyable d’avoir Lalaina comme mari :).

« Disons que j’ai une chance incroyable d’avoir Lalaina comme mari »

« Disons que j’ai une chance incroyable d’avoir Lalaina comme mari »

Pensiez-vous que ce serait évident de se marier avec une personne qui a choisi le football comme carrière ?

Sincèrement je ne me suis jamais posée la question. Peu importe la carrière qu’il aurait eue, je pense que ça ne m’aurait pas fait changer d’avis. Je me suis surtout mariée avec lui pour sa personne, pour ce qu’il est, mais pas pour ce qu’il fait.

Avez-vous pensé que le football vous mènerait à un tel succès ?

Franchement non :P. Bon, ce n’est pas que je n’y ai pas pensé, mais disons que ce n’était pas prévu. Mais finalement, je trouve qu’il est destiné à ça, car il est vraiment doué, il a un vrai don. Toutefois, on ne pensait pas réellement vivre de ça, voire vivre confortablement grâce au football. Au départ on n’y a pas pensé, sincèrement. Mais c’est Dieu qui a tracé ce chemin et gloire à Lui.

Julia, comment gérez-vous la fonction d’épouse et de manager de Lalaina Nomenjanahary à la fois ?

Euh, je ne me suis jamais réellement posée la question. Je vis juste les choses comme elles viennent :D. À la maison, je dois avoir le rôle d’épouse et je le fais plutôt bien. Mais quand vient le moment où je dois négocier le contrat avec son club, j’enfile mon costume de manager « madame l’agent de Lalaina Nomenjanahary » :). Je dirais que je fais ça de manière très naturelle, car on s’entend très bien. Il n’y a vraiment aucune difficulté face à ces deux rôles.

Votre pronostic pour les quarts de finale ?

Alors, pour les quarts de finale… mon pronostic c’est 1 à 0, on gagne. Et de toute façon, nous sommes allés tellement loin dans cette compétition qu’on ne s’imagine plus perdre. Et sincèrement, je crois à remporter la coupe même. Alors pour les quarts de finale, on gagne à 1 et 0 !

Une petite anecdote sur Bolida pour terminer ?

Hahaha, alors je ne sais pas s’il va être content que je parle de ça, mais bon… Ça s’est passé à la naissance de notre fils, c’est-à-dire notre deuxième enfant. Il voulait filmer et voir comment ça se passait. Alors il était devant moi, et moi en position d’accouchement. La sage-femme lui disait de reculer « reculez monsieur, ça peut être un peu choquant, ne vous approchez pas trop » et lui, sans gêne, a répondu « ne vous inquiétez pas, je suis costaud, je suis sportif, c’est bon, je peux tenir. Et en plus, c’est mon deuxième, ne vous inquiétez pas », etc. Mais quand mon fils est sorti, il s’est directement évanoui (rires). Voilà, une petite anecdote !

Bolida, en plus d’être un pilier du football malgache, est un mari en or et un papa formidable. Nous remercions son épouse Julia d’avoir si gentiment répondu à nos questions :). Longue vie à nos joueurs et alefa Barea !

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