Raherz : portrait d’un plasticien qui en fait voir de toutes les couleurs

La beauté est le mot qui nous vient à l’esprit lorsqu’on parle d’art. Une activité à part entière qui permet à la personne de démontrer son talent. Effectivement, l’art fait appel à nos sens, à notre intellect ainsi qu’à nos émotions. Chacun de nous a sa façon d’exprimer ses sentiments et son ressenti. Raherz, un jeune artiste malgache, a choisi de l’exprimer à travers ses œuvres d’art plastique. Il veut non seulement apporter quelque chose de bien pour la société, mais il a aussi des messages à faire passer à la génération future. Dans ces œuvres d’art, Raherz expose de fascinantes réalités de notre société. Après une rencontre avec Raherz, l’artiste plasticien, on se rend compte que Madagascar grouille de jeunes passionnés et ambitieux. La phrase de Marcel Proust : « La vérité suprême de la vie est dans l’art » prend alors tout leur sens.

Qui est Raherz ?

Je me nomme Ralaindimby Heryzo d’où mon nom d’artiste Raherz. Je suis un artiste plasticien et je me focalise sur l’art contemporain. Je vis actuellement à Ankaraobato. Cet art a été ma passion depuis ma tendre enfance, qui a été assez agitée.

Raherz un artiste plasticien talentueux, qui exprime ses sentiments à travers son art

Avec le divorce de mes parents, je me suis réfugié dans le dessin dès que quelque chose n’allait pas bien. Cette situation m’a d’ailleurs beaucoup inspiré… Et c’est encore cette passion qui me guide aujourd’hui.

Parle-nous un peu de tes débuts et de ton parcours en tant qu’artiste plasticien

Quand j’étais enfant, j’adorais déjà dessiner, sauf qu’à l’époque je n’aspirais pas encore à devenir un artiste. C’est après avoir eu mon Bacc que j’ai commencé à étudier au Tahala Rarihasina. Et c’est en 2013 que j’ai participé à ma toute première exposition, toujours dans ces lieux, avec Rfaral et Hemerson Andrianetrazafy.

Ensuite, en 2014, j’ai également participé à une autre exposition collective qui avait pour thème « Tsinjodia 3 ».

Cette œuvre de Raherz s’intitule « saina misafotofoto » ou esprit troublé

En 2015, il y a eu une exposition, toujours au Tahala Rarihasina, à laquelle j’ai également pris part. Cette exposition avait pour thème « Tohi-vakana ». Après cela, j’ai fait une sorte de pause en tant qu’artiste et je me suis intéressé à la vidéo. À partir de là, j’ai décidé de travailler en tant que vidéaste au sein d’une société. Mais la vie de salarié m’a vite fatigué. J’ai constaté que j’étais stressé en permanence, et que je commençais à tomber dans la routine. C’est à ce moment que j’ai eu un déclic, cette vie ne me convenait pas, alors il fallait que je redevienne un artiste. Et voilà pourquoi j’en suis là aujourd’hui :). À vrai dire, j’ai repris mes activités d’artiste très récemment.

Raherz, en tant que plasticien que représente l’art à tes yeux ?

Durant mon enfance, l’art était une échappatoire. Lorsque j’étais confronté à des problèmes au sein de la famille, je n’avais qu’une envie, c’était de dessiner. Aujourd’hui, l’art est la contribution que j’apporte à notre société. Mes œuvres sont porteuses de message, toutes autant qu’elles sont. L’art me permet d’exposer au grand jour la vérité sur nous les Malgaches et notre façon de penser.

Le titre de cette oeuvre « Mandeha ila ohatrin’ny kitron’i beminahy » transmet lui aussi un message. Pouvez-vous le déceler ?

Une petite anecdote que je vais vous raconter. Un jour je suis rentré à pied et l’une de mes semelles m’a lâché alors j’ai décidé d’enlever mes chaussures et de marcher pieds nus. J’ai ensuite constaté que les gens avaient différentes réactions, les uns rigolaient, les autres étaient étonnés. J’ai pris alors conscience que lorsqu’on faisait quelque chose hors du commun, on pouvait provoquer de nouvelles sensations chez les gens. Ces nouvelles sensations peuvent être pour eux une petite histoire à raconter le soir ou tout simplement source de sourire. Et d’ailleurs, cette histoire a été une inspiration pour l’une de mes œuvres intitulées « Mandeha ila ohatrin’ny kitron’i beminahy ».

Puisque tu es un artiste plasticien, quel est ton style personnel ?

Bien sûr, je connais la technique et les bases concernant l’art contemporain. Mais, sur ce point je suis un peu rebelle, car je préfère donner un côté original à mes œuvres. Pour ma part, la dualité est l’une de mes touches personnelles. À travers mon art, je montre la vie telle qu’elle avec toutes ses facettes.

Cette œuvre illustre parfaitement l’originalité de Raherz, la dualité entre le coeur et le cerveau, deux organes différents, mais complémentaires

On a l’habitude de juger sans connaître les deux versions de l’histoire. D’ailleurs, vous pourrez constater par vous même que la plupart de mes œuvres reflètent deux images différentes, mais complémentaires. Je montre ainsi ma neutralité pour chaque contexte, circonstance ou idée qui se présentent. Mise à part la dualité, je fais aussi un peu de recyclage pour la réalisation de mes œuvres d’art. J’utilise toutes sortes de matières comme du papier mâché qui est fait à base d’eau et de colle.

Raherz, as-tu une oeuvre que tu préfères plus que les autres ?

J’adore toutes mes œuvres certes, puisque chacune d’elles incarne une vérité. Cependant, je pense que j’ai quand même un coup de cœur pour l’une de mes œuvres intitulée : « Iza no fitaratra ? ». Cette œuvre peut choquer certain et pourtant derrière ce tableau réside une grande question que chacun d’entre nous devrait se poser.

La connaissance de soi, c’est ce que Raherz veut mettre en avant dans cette œuvre et non la nudité. Voici « iza no fitaratra ? »

On se regarde souvent dans la glace, mais est-ce qu’on se connaît réellement ? Notre apparence ne reflète pas forcément ce qu’on est à l’intérieur. À mon avis, on devrait tous essayer de cerner le vrai « nous », celui qu’on est et celui qu’on veut être. Mais quand je parle de « Fitaratra », j’aborde aussi les questions suivantes : « est-on digne d’être un modèle au sein de la société ? » et aussi « a-t-on un modèle dans notre vie personnelle ? ».

Quelles sont les difficultés que tu as rencontré durant ton périple ?

Au début, la plus grande difficulté qui s’est mise en travers de ma route était de trouver une salle pour mes expositions. Bien évidemment, cette situation n’a pas duré, car j’ai commencé à travailler avec Is’art Galerie.

En effet, j’ai pu faire la connaissance de nombreuses personnes qui ont des idéologies et des principes identiques aux miens, c’est formidable. On peut y trouver une ouverture et sa notoriété peut aussi jouer en ma faveur.

Que peux-tu nous dire concernant le vernissage à Is’art Galerie ?

Le vernissage réalisé à Is’art Galerie avait pour thème : la complémentarité de la dualité ou « Ny fifamenoan’ny voary mifanipaka ». Cette exposition porte sur l’être humain et ses différents aspects. Elle avait pour but de primer l’éducation des plus jeunes.

Pour ma part, je pense qu’il est encore possible de rendre notre pays plus prospère. On peut très bien espérer un avenir meilleur pour notre pays grâce à l’éducation des enfants. Dès leur plus jeune âge, il faut les guider et non attendre qu’ils deviennent adolescents. Pour moi, les enfants sont l’avenir du pays.

As-tu d’autres passions en dehors de l’art contemporain ?

Hmm… Oui, j’ai d’autres passions. Lorsque j’ai décidé de me trouver un travail en tant que salarié, j’ai compris que la vidéo m’intéressait énormément aussi. À part, la vidéo et l’art contemporain, j’aime beaucoup la sculpture, en particulier celles d’Eric Rakotoarivony.

Quelle est ta plus grande peur ?

Hihi… Alors, c’est assez drôle. Je suis quelqu’un d’un peu timide, du coup j’ai un peu peur de prendre la parole. Lors du vernissage, l’artiste doit prendre la parole pour expliquer aux personnes présentes le thème et tout ce qui concerne l’exposition. En fait, j’ai peur d’avoir trop le trac et de finir par dire n’importe quoi. Je pense que c’est la seule chose qui me fasse le plus peur.

Un petit message que tu aimerais partager à nos lecteurs ?

Hmm… Oui, je voudrais juste dire un petit mot. Aimez l’art et arrêtez de toujours en faire abstraction, surtout sous prétexte de manque d’argent. J’aimerais aussi faire un point concernant l’éducation des tous petits. À vous chers parents, laissez les enfants rêver, encouragez-les lorsqu’ils ont envie de réaliser quelque chose. Si jamais vos enfants vous désobéissent, essayez de les remettre dans le droit chemin et non de les punir. Moi par exemple, ma mère était le plus grand soutien que j’ai eu tout au long de ma vie. Elle m’a toujours encouragé et c’est en partie grâce à elle que j’en suis là aujourd’hui.

Raherz, un artiste plasticien qui possède divers talents. Du haut de son jeune âge, il utilise cette ingéniosité, ce don qu’il possède pour faire en sorte que notre pays puisse avoir un meilleur avenir.

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