18/01/2018. Prendre le bus à Antananarivo aux heures de pointe peut très vite tourner au cauchemar. Et c’est une habituée des transports en commun et des bourbiers quotidiens du « misisika bisy » qui vous parle, ce qui accélère encore plus le rythme de la vie à Antananarivo ! Quand vous devez presque user de violence pour mériter votre place dans ce tas de ferraille, et qu’ensuite vous vous retrouvez en mode sardine sur un morceau de bois (strapontin, mon œil), coincé dans un embouteillage monstre et subissant stoïquement les relents corporels de vos voisins… Aargh, vous avez envie de vous arracher la tête !
Mais ça, ce n’est que mon avis :). Chez Stileex, nous avons surtout voulu connaître celui des Tananariviens : que pensent-ils réellement des taxi-be dans la capitale ? Pour arriver à notre fin, nous avons organisé un sondage auquel ont participé 904 personnes. On vous partage les résultats dans cet article.
Résumé du sondage sur l’avis des Tananariviens sur les bus
La moitié des personnes interrogées se déplacent en bus d’habitude
À la différence de notre précédent sondage sur le transport à Antananarivo, sondage où nous nous sommes principalement intéressés aux moyens de locomotion pour se rendre au travail, cette fois, nous nous intéressons de manière générale aux bus à Antananarivo.
Pour commencer, nous avons voulu savoir si les habitants de la capitale prenaient habituellement le bus dans leurs déplacements. Surprise, 50% ont répondu que oui.
Pour l’autre moitié, ceux qui ne prennent pas le bus donc, 52% sont adeptes de la marche et 24% prennent notamment leurs voitures. 19%, ensuite, peuvent aussi enfourcher leurs motos, 3% vont également en taxi et 2% ont une bicyclette qu’ils utilisent.
Nous avons également demandé aux personnes prenant le bus combien de temps elles passaient dedans quotidiennement. Et c’est donc une petite majorité de 37% qui y passent 30 à 59 min de leur vie tous les jours, en moyenne. Viennent ensuite 26% qui y passent 1h à 1h30, 22% qui y passent moins de 30 min tous les jours (la chance…).
Enfin, il y en a 8% qui y restent 3h et plus par jour (je plains ceux-là), 5% ,entre 2h et 3h, et, enfin, 2% entre 1h30 et 2h.
Plus d’un tiers des Tananariviens sont insatisfaits des services fournis par les bus
Côté satisfaction, 36%, soit un peu plus d’un tiers des enquêtés prenant le bus, se disent insatisfaits des services fournis par les bus à Antananarivo. Par la suite, ils sont 22% à en être satisfaits et 22 autres pour cent à en être assez satisfaits.
Pour le reste, voici comment se présentent les statistiques :
- 9% sont assez insatisfaits des services des bus
- 8% n’ont rien à dire et les trouvent normaux
- et 1% se disent être très satisfaits
Et si l’on s’intéresse au budget moyen alloué aux frais de taxi-be, sachez qu’ils sont 45% à consacrer entre 25 000 et 35 000 ar par mois pour leur déplacement en bus. Viennent ensuite ceux qui déboursent moins de 25 000 ar (30%), et ceux qui dépensent 35 000 à 40 000 ar (19%).
Pour la minorité restante :
- 2% dépensent entre 50 000 à 55 000 ar
- 1% dépensent entre 40 000 à 45 000 ar
- 1% dépensent entre 55 000 à 60 000 ar
Toujours dans le même registre, il faut savoir aussi qu’ils sont 52% chez les usagers sondés à trouver que le prix du ticket de bus à Antananarivo est cher. La moitié donc.
22% trouvent ensuite le « frais » assez cher, tandis qu’ils sont 21% à en trouver le prix raisonnablement normal. Le reste n’est plus qu’une histoire de super minorité : 3% jugent que le prix du bus est assez abordable et 1%, abordable.
Ces petits « riens » qui font la vie dans les bus
Quand on prend le bus à Antananarivo, on n’est jamais à l’abri de ces petits détails qui énervent et qui rendent le trajet parfois insoutenable.
Questionnés sur ce qui les énervent le plus dans les bus, les usagers nous ont répondu :
- l’irrespect des passagers pour 28%
- l’irrespect de l’équipage pour 27%
- la lenteur du bus pour 26% (les « vody hazo » comme on dit xD)
- le manque d’espace pour 15%
- le manque d’hygiène des passagers pour 15%
- la monnaie pour 14% (quel receveur ne râle jamais quand vous lui mettez un billet de 10 000 ar sous le nez ? Comme si ce n’était pas de l’argent -__- )
- le mauvais état du bus pour 9%
- le manque de propreté du bus pour 6%
- et les embouteillages et les bousculades pour 3%
Conclusion de ce sondage sur les bus à Antananarivo
S’il y a bien une chose que l’on aurait pensée, c’est que le taxi-be est le moyen de transport le plus utilisé à Tana. Et bien, pas vraiment : seulement la moitié des Tananariviens l’utilisent pour se déplacer au quotidien.
Les chiffres ont aussi révélé que rien n’égale l’efficacité de nos paires de jambes pour éviter de subir les bouchons (et pourquoi pas, pour économiser) : 52% des gens qui ne prennent pas habituellement le bus se déplacent à pied. Ce n’est pas non plus très surprenant quand on sait que la course à pied est le sport le plus pratiqué par les Malgaches. Pour dire que faire travailler les jambes, ça nous connaît :) !
Autre fait saillant de ce sondage : plus d’un tiers (36%) des usagers se disent insatisfaits des services fournis par les bus à Antananarivo. Un chiffre qui sonne comme une évidence quand on voit :
- l’état délabré de certains véhicules (d’ailleurs 73% les trouvent inconfortables et 70% pensent qu’ils sont non sécurisés)
- et l’incivilité de certains receveurs et conducteurs (70% trouvent que les équipages sont irrespectueux envers les passagers).
Malgré tout ça, preuve qu’on n’a pas vraiment le choix, ils sont quand même 85% à trouver le bus pratique !
L’embouteillage et le sakoroka ? Bof, y a pas de quoi râler !
Contrairement à ce que j’ai pu penser en attaquant ce sondage, les bousculades pour prendre le bus (« misisika bus » comme on dit) ne constituent pas (ou plus) une gageure pour les usagers. Serait-ce devenu tellement habituel et par conséquent, tellement normal pour les gens qu’ils ne le remarquent même plus ?
Le sondage a ainsi montré que les bousculades et les embouteillages n’accablent réellement que 3% des Tananariviens ! Finir par s’accommoder d’un tel calvaire au quotidien, je trouve ça triste et injuste.
Enfin, quand on sait que 70% des Tananariviens trouvent que les bus sont trop nombreux, on est tenté de croire qu’ils sont responsables des embouteillages monstres qui bouchent les artères de la ville des Milles.
En 2017, l’UCTU a en effet recensé plus de 3 500 taxi-be en circulation dans la capitale, sans parler des quelque 2 000 véhicules des coopératives suburbaines. Les arrêts de bus mal placés ici et là, ainsi que l’état déplorable des routes d’Antananarivo (je ne vais même pas parler du problème du transport national hors de la ville) n’arrange en rien les choses. Nous sommes encore loin d’être sortis de l’auberge !
Voir aussi notre reportage sur l’avancée du tuk-tuk électrique à Madagascar : zoom sur le cas Tamatave.
Note de la rédaction : Vous avez une question sur Madagascar qui vous turlupine ? Un sujet qui vous démange ? N’hésitez pas à le poster dans les commentaires, nous l’inclurons sûrement dans nos prochains sondages. Vous pouvez également en parler sur le forum directement !
bonjour,
je suis pleinement satisfait de votre article sur le transport en commun à Antananarivo, et j’envisage d’effectuer un projet sur les tickets de bus et est-ce que les tickets de bus sont toujours présent pendant votre enquête?