01/04/2019. Ce n’est un secret pour personne, je dirais même que c’est une évidence: le niveau de l’éducation à Madagascar dégringole petit à petit. Malgré les efforts que déploient les parents pour scolariser leurs enfants, le pays a une très grosse épine au pied et qui ne cesse de s’infecter depuis 1975 : les enseignants et enseignantes sont de moins en moins nombreux dans la Grande Île. Pour pallier ce manque, les parents ont décidé de recruter des enseignants qu’ils rémunèrent eux-mêmes à prix très bas en général : les maîtres FRAM. Aujourd’hui, il sont 75 000 à enseigner dans des conditions de travail assez précaires pourtant le niveau de l’éducation nationale malgache ne semble pas du tout évoluer. Alors, est-ce que les maîtres FRAM sont-ils vraiment la bonne solution pour faire avancer l’éducation de nos enfants ? Pour éclaircir ce flou qui subsiste encore depuis près de 45 ans, nous, chez le Stileex Post, avons ratissé chaque quartier d’Antananarivo pour avoir l’avis de la population tananarivienne sur les maîtres FRAM.
Nous remercions déjà les 907 personnes dans les différents secteurs d’Antananarivo qui ont bien voulu répondre volontairement à nos questions lors de l’investigation.
Sommaire
- Ce que pensent les Tananariviens des maîtres FRAM en image
- Les Tananariviens ne connaissent pas vraiment les maîtres FRAM
- Le sujet des maîtres FRAM est-il tabou ?
- Les Tananariviens sont très partagés
- Les conditions de travail sont difficiles
- Parents et maîtres FRAM : diplomatie ou hypocrisie ?
- Bref, le chemin est encore long !
Ce que pensent les Tananariviens des maîtres FRAM en image
Les Tananariviens ne connaissent pas vraiment les maîtres FRAM
Lors des enquêtes sur terrain, nous avons tenu à bien équilibrer les genres, les catégories socioprofessionnelles et les tranches d’âge avec au minimum 18 ans. Cela a donné un résultat assez surprenant. En effet, 59% des Tananariviens connaissent ce qu’est un maître FRAM. Donc, il y a encore 41% qui ne savent toujours pas le rôle de ces enseignants. Apparemment, ce pourcentage est encore trop volumineux. Alors, pour donner un petit coup de pouce à l’enseignement malgache, nous allons (re)découvrir ensemble ce qu’est un maître FRAM.
Tout d’abord, la FRAM est l’acronyme de Fikambanan’ny Ray aman-dRenin’ny Mpianatra, ou littéralement l’association des parents d’élèves. Depuis l’abondance des écoles primaires publiques à Madagascar, et que l’État n’était plus en mesure de répondre aux besoins des parents, cette association a été contrainte de recruter elle-même les enseignants qui se chargeraient de leurs enfants, même si ces derniers n’avaient suivi aucune formation en pédagogie. C’est de là qu’est né le maître FRAM.
Heureusement qu’une majorité (53%) sait que ce sont les parents des élèves eux-mêmes qui payent les maîtres FRAM dans tout le pays. C’est aussi triste, mais d’après des documents, 2 parents-enseignants sur 10 seulement ont suivi des formations dans les instituts nationaux, à savoir à l’INFP (Institut National de Formation Pédagogique). Un maître FRAM reçoit actuellement en moyenne un salaire bimensuel modique de 220 000 Ariary.



Le sujet des maîtres FRAM est-il tabou ?
Tout au long de l’investigation, nous avons remarqué qu’une grande partie de la population d’Antananarivo n’aimait pas trop parler de la FRAM et tout ce qui y touchait. Je l’accorde, le sujet de l’éducation nationale est toujours assez « sulfureux », mais loin de là à être interdit. Nous pensons que le thème des maîtres FRAM n’est pas du tout tabou, pourtant en moyenne, 40% des Tananariviens ont refusé de répondre à certaines de nos questions, entre autres si oui ou non les malgaches avaient besoin des maîtres FRAM. Ils ont aussi laissé pour compte les autres questions parlant des conditions de travail de ces parents enseignants, et bien sûr si ces derniers devaient être pris comme fonctionnaires.
Les Tananariviens sont très partagés
Avoir besoin ou ne pas avoir besoin des maîtres FRAM, les Tananariviens sont divisés à 50%. Bien évidemment, il y a ceux qui approuvent la nécessité de ces parents enseignants, mais il existe de l’autre côté les personnes qui jugent inutile de les recruter. Cela fait plusieurs années que les parents des élèves dans les écoles primaires publiques se sont reposés sur les maîtres FRAM, les parents qui n’ont pas vraiment les moyens y sont devenus totalement dépendants. Par contre, l’autre moitié s’inquiète plutôt de la qualité de l’enseignement, mais aussi des compétences et expériences de ces maîtres FRAM, d’où ce grand retentissement.



Les conditions de travail sont difficiles
Comme nous l’avons déjà abordé dans un de nos articles précédents sur les parents et l’école à Madagascar, les conditions pour inscrire un enfant sont très importantes, et les conditions de travail des maîtres FRAM ainsi que leurs expériences et compétences ont une grande place dans le choix de l’école. Selon l’avis en général des enquêtés, les conditions de travail sont difficiles. Voyez par vous-même :
- faciles : 6%
- assez faciles : 2%
- normales : 20%
- plutôt difficiles : 2%
- difficiles : 26%
- je ne les connais pas: 3%



Parents et maîtres FRAM : diplomatie ou hypocrisie ?
En voulant confirmer la véracité dans l’enthousiasme témoigné par ces Tananariviens envers le soutien de l’évolution qu’ils portent à l’enseignement en général, nous avons été surpris de voir que seulement 10% des enquêtés accepteraient de devenir maîtres FRAM, tandis que 49% ont tout simplement refusé. Les autres 41% n’ont pas émis de réponses.
Aujourd’hui, beaucoup de maîtres FRAM se battent encore et encore avec l’État pour décrocher un poste de fonctionnaire. En effet, 30% des personnes sont certaines que les maîtres FRAM méritent leur place en tant que fonctionnaire, même si 28% pensent le contraire, mais ils le disent avec diplomatie.
Bref, le chemin est encore long !
Tout au long de l’investigation pour arriver à cet article, nous nous sommes aperçus non seulement que la majorité des citoyens de la capitale de Madagascar ne se préoccupe même pas des maîtres FRAM et leurs rôles, mais aussi que presque la moitié de ce qui les connaissent ne veulent pas devenir parent enseignant. Le salaire très bas, les conditions de travail difficiles ou encore le manque de formation dans le domaine sont les principales raisons des Tananariviens.



Quoi qu’il en soit, même si l’avis des Tananariviens est très partagé sur l’utilité des maîtres FRAM, il existe toujours des citoyens qui se soucient de l’avenir des enfants malgaches et acceptent de travailler avec l’association des parents d’élèves ainsi que les autorités locales. Si le chemin est encore assez long pour l’éducation nationale, une seule petite participation venant de chacun pour soutenir l’enseignement des enfants peut déjà être considérée comme étant un grand succès, ou du moins un bon début. Il est entre les mains à la fois des parents, de l’éducateur et bien sûr de l’État malgache.
Bonjour,
Je suis passé dans une campagne, pas très éloignée de la capitale. Je suis très étonnée qu’un instituteur(trice) tient 2 classe en même temps. Cela m’a écœuré car si on mets des classes intermédiaires entre le PS au à la classe de 7ème, ces étapes sont nécessaires. Or, là où j’ai passé, 2 classes se sont groupés dans un même salle de classe et l’enseignant(e) prend à tour de rôle les 2 classes : si l’une est assisté l’autre classe fait sont devoir sans assistance.
Les heures de travail sont entre 7h30 à 13h 00, donc pour les 2 classes regroupées : 2h et 1/2 par jour par classe que les élèves sont bien surveillés.
En plus, 2 entre les instituteurs(trices) ne sont pas fonctionnaires mais maîtres(sses) FRAM, qui ne touchent que 40 000 ar par personne par mois.
J’attire l’attention de tout le monde, s’il y a quelque chose à aider urgemment chez nous, ce sera l’éducation. Moi j’ai pris une décision d’aider ces 2 maîtres(sses) FRAM pour les encourager