Pollution et santé à Madagascar : Antananarivo la polluée…

Cet article fait partie de la rubrique spéciale des Sondages à Madagascar 

15/01/2019. Nous l’avons entendu maintes fois, l’environnement se dégrade. À l’échelle planétaire, l’Homme court à sa perte en exploitant sans vergogne les ressources et en générant beaucoup trop de pollution. Dans le cas d’Antananarivo, l’accumulation des ordures reste une affaire récurrente, sans parler de la relation pollution/santé longtemps ignorée.

Mais si les autorités compétentes ne se foulent pas trop pour prendre des mesures, la question est de savoir si la population, elle, a conscience de ce qui pèse dans son quotidien. Justement, dans notre sondage d’aujourd’hui, nous allons étudier ce rapport pollution/santé du point de vue des Tananariviens.

La position des Tananariviens sur l’influence de la pollution sur la santé

Habitudes et perception des Tananariviens de l'impact de la pollution sur la santé
Habitudes et perception des Tananariviens de l’impact de la pollution sur la santé

Cliquez sur le bouton ci-dessous pour télécharger cette infographie.

Les Tananariviens sont totally aware (comme le dirait Van Damme)

Interrogée sur plusieurs pans de la pollution dans la capitale, la grande majorité des Tananariviens pensent à chaque fois qu’elle influence beaucoup leur santé :

  • 95% le pensent pour la pollution générée par la circulation
  • 93% le pensent pour les fumées de cuisson des briques
  • 95% le pensent pour les émanations industrielles des usines
  • 95% le pensent pour la contamination des eaux
  • et 90% le pensent pour les insecticides et autres pesticides
La pollution générée par les gaz d'échappement des voitures est une évidence dans la capitale
La pollution générée par les gaz d’échappement des voitures est une évidence dans la capitale

Ceux qui sont convaincus du contraire, vous imaginez bien, ne sont pas nombreux. 1% pensent ainsi que la pollution de la circulation n’influence pas du tout leur santé. Ils sont 2% pour la fumée des briques, 1% pour les émanations d’usine, 1% pour la pollution de l’eau et 2% pour les insecticides et les pesticides.

Au final, ce sont 89% des Tananariviens interrogés qui pensent que la qualité de l’air se dégrade dans notre belle capitale. C’est beaucoup. 6% pensent ensuite qu’elle s’améliore et 4% jugent qu’elle est restée la même.

Les ordures, dans le canal ou à la poubelle ?

Avec la saturation des bacs à ordures de la Commune urbaine d’Antananarivo, on serait tenté de croire que les Tananariviens en font « bon » usage et, effectivement, c’est le cas (selon toute vraisemblance).

Ainsi, 74% des sondés disent volontiers jeter leurs ordures ménagères dans ces bacs, tandis que 17% bénéficient d’un service de ramassage de déchets.

Nos bacs à ordures sont beaucoup plus dégoûtants que celui-là
Nos bacs à ordures sont beaucoup plus dégoûtants que celui-là

Contre toute attente, nous avons aussi retenu des réponses « honnêtes » avec 6% qui avouent se débarrasser de leurs déchets ménagers dans la rue, quitte à les balancer dans un terrain vague, dans une canalisation. Enfin, 2% préfèrent les brûler ou les enterrer.

Les passants et leurs ordures dans la rue

En général, les Tananariviens adoptent la bonne habitude dans la rue puisqu’ils sont 87% à ne pas se faire prier et à jeter leurs ordures à la poubelle. Ils sont ensuite 12% à affirmer le contraire et donc, à jeter leurs ordures par terre.

Chacun a sa part de responsabilité pour un environnement sain
Chacun a sa part de responsabilité pour un environnement sain

Questionnés sur les raisons qui les poussent à agir ainsi, c’est très simplement que 59% de cette portion nous ont dit que ce n’est pas du tout dans leur habitude.

Ensuite, 19% ne se sont pas du tout gênés et ont affirmé qu’il y aura toujours quelqu’un pour ramasser leurs ordures ! 17% disent ensuite ne pas trouver de bacs à ordures sur leur chemin et enfin, 1% ont déclaré emporter leurs déchets avec eux dans leurs sacs ou leurs poches.

À noter qu’ils ont été 4% à ne pas nous avoir donné leurs avis.

Que peut-on conclure de ce sondage sur la pollution et la santé ?

Ce qu’il faut retenir pour commencer, c’est que les Tananariviens ont parfaitement conscience que la pollution influence leur santé. D’ailleurs, on ne peut que s’alarmer quand on voit des choses comme une décharge publique près d’une école.

Des décharges de ce genre, il y en a plus d'un à Antananarivo
Des décharges de ce genre, il y en a plus d’un à Antananarivo

Il est aussi déplorable de constater que l’image de la ville d’Antananarivo est associée aux ordures. D’après le sondage (c’était à prévoir), les ordures sont, pour les 68% des Tananariviens interrogés, la manifestation la plus flagrante de la pollution dans la ville. Suivent ensuite la pollution issue de la circulation pour 24% des habitants de la capitale et la pollution de l’eau pour 3%. Pour 3 autres pour cent (3%), ce sont les fumées de cuisson de briques qui sont les plus représentatives de la pollution dans la ville, suivis par 2% qui considèrent que ce sont plutôt les émanations d’usine.

Comment alors ne pas penser que la majorité des maladies touchant les habitants n’est pas étroitement liée à toute cette pollution ?

Pollution et santé à Antananarivo : les rapports consternants de l’Organisation Mondiale de la Santé

Lors de la première conférence mondiale sur la pollution de l’air qui s’est tenue en novembre 2018 à Genève, l’Organisation Mondiale de la Santé a lancé que la pollution de l’air était la cause d’environ 7 millions de décès par an dans le monde.

Près de 1,8 milliard d’enfants de moins de 15 ans respireraient également de l’air pollué. C’est assez déroutant de s’avancer sur une telle fatalité, mais la plupart d’entre eux vont en mourir… Et chez les enfants de moins de 5 ans, près d’un décès sur 10 est dû à la pollution de l’air.

On n’est même pas à l’abri chez soi puisque la mauvaise qualité de l’air à l’intérieur des habitations est également une cause de mortalité selon l’OMS. En effet, la dangerosité de la pollution de l’air est liée au cumul de la pollution au niveau ambiant (à l’extérieur) et celle à l’intérieur des foyers.

Les infections respiratoires dues au bois d'énergie illustrent très bien l'effet de la pollution sur la santé
Les infections respiratoires dues au bois d’énergie illustrent très bien l’effet de la pollution sur la santé

L’OMS préconise les seuils de tolérance suivants pour les matières particulaires fines (PM2,5) :

  • 10 μg/m³ en moyenne pendant un an
  • 25 μg/m³ en moyenne pendant une journée

Et voici pour les matières particulaires grossières (PM10) :

  • 20 μg/m³ pour une moyenne annuelle
  • 50 μg/m³ pour une moyenne sur 24 heures

Pour le cas d’Antananarivo, la limite est largement dépassée : son taux annuel de matières particulaires fines est de 60 μg/m³, soit le triple des valeurs recommandées. En une journée, on peut même atteindre les 360 μg/m³. La ville est l’une des plus polluées du monde.

Nombreuses en sont les causes, mais les plus importantes sont : les émissions de carbone des feux de brousse, les rejets gazeux des industries et des échappements de voitures. Les conséquences de cette pollution sur la santé varient de l’augmentation des risques d’AVC, à des cancers en passant par des infections respiratoires aiguës et chroniques.

En 2016, la société de services de transport et logistique DHL a aussi évalué la qualité de l’air à Antananarivo avec des AirBeam, des appareils connectés. Sur une app (AirCasting) s’affichait alors un code couleur selon le niveau de pollution ambiant. La couleur verte indique alors un environnement sain, la couleur jaune signifie qu’on est dans un niveau de pollution tolérable et la couleur orange annonce déjà que la situation est critique (cas d’Ankorondrano et d’Analakely en juin 2016). Quant à la couleur rouge, elle dit tout simplement que la qualité de l’air approche de l’irrespirable (cas du tunnel d’Ambanidia avec un niveau de pollution évalué à 80%).

Malheureusement, à en juger par toutes ces voitures qui s’amoncellent dans les embouteillages monstres de la capitale et à l’utilisation excessive du charbon comme énergie de cuisson (sans parler du reste des polluants), je dirais que nous sommes encore loin d’être au vert…

Edit : vous trouverez ici les résultats d’une recherche parue en 2003 sur la pollution de l’air à Antananarivo. C’est à la fois horrifiant et très édifiant ! (merci à lantoratsida pour l’info !).

Note de la rédaction : Vous avez une question sur Madagascar qui vous turlupine ? Un sujet qui vous démange ? N’hésitez pas à le poster dans les commentaires, nous l’inclurons sûrement dans nos prochains sondages. Vous pouvez également en parler sur le forum directement !

Retrouvez également ici tous les sondages et études statistiques menés par l’équipe Stileex à ce jour.

Découvrez également un sondage sur le système santé à Madagascar.

Le MGforum de Stileex

1 COMMENTAIRE

  1. asa izay hiafarantsika. Efa taminn’y 2003 ny INSTN no nanao alarme.

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here